Lille, envoyé spécial.
Une cour de récréation, ce sont des cris, des courses, des petits forfaits commis à l'abri du regard du surveillant. Dans celle-ci, rien de différent sinon que l'instituteur est un être flou qui campe quelque part dans une brume en dégradé de gris; pour certains, il n'est qu'une voix. A Loos, près de Lille, l'école régionale pour déficients visuels, les 188 élèves aveugles ou amblyopes se déplacent une main sur l'épaule ou coude à coude. Depuis 1975, la salle de gymnastique n'était qu'une classe grossièrement aménagée avec espaliers et tapis uniformes. Mais avec l'achèvement, cette année, d'un complexe sportif adapté à leur handicap, grâce au financement de la Région Nord-Pas-de-Calais, l'établissement est désormais dotée de trois salles uniques en France, afin de permettre la pratique du handball, du basket, de la musculation, du tennis, du tir à l'arc sonore, etc. «Chemin de circulation.» Jacques Bermont, professeur d'EPS spécialisé et Patrick Genty, professeur d'arts plastiques, ont travaillé en liaison avec l'architecte pour parfaire l'acoustique, les chemins podotactiles, olfactifs , les revêtements muraux, la luminosité. Tout est conçu ici pour créer des images chocs, comme dans les douches, où les carrelages bleu foncé et blanc contrastent fortement avec l'ambiance du vestiaire plus tamisée. Les poignées de portes sont en résine fluorescente, les escaliers marqués marche à marche par des points de lumières, et le volumes des trois salles (sports