Marseille, envoyé spécial.
Quand on a l'oeil distrait en cheminant entre le Vieux Port et la porte d'Aix, ces traces de peinture sous la halle, devant la fac de sciences éco, pourraient passer pour des tags. Et d'ailleurs, tous comptes faits, il s'agit peut-être de tags. Oui, le rond central est bien tagué au sol et les buts sont marqués en rouge fluo sur les fausses colonnes ioniques. Ici, des gosses de Marseille jouent au foot, le soir, quand le mistral n'est pas trop fort. Ailleurs aussi. Impasse Guibal, sous la gare Saint-Charles, au bout du cul-de-sac qui se termine en cour, les cages sont peintes soigneusement et, afin que nul ne l'ignore, il est écrit «but». Et deux cents mètres plus loin, dans une rue plus large et comme désaffectée, même tableau. Ces terrains que l'on dit sauvages aujourd'hui, que l'on disait vagues autrefois, qui sont tout bonnement des terrains de foot improvisés de tout temps dans les royaumes enfantins, dessinent aussi le sentier du Marseille populaire. Il part du centre-ville, passe sous les rampes d'autoroutes, où on tape dans la balle là où à New York on plante des paniers, s'étale enfin dans les quartiers nord. Didier Della Maggiora a exploré ce chemin un appareil photo à la main.
Contrat emploi-solidarité. Il n'est pas photographe professionnel, mais débutant. Ses premières photos, il les a faites il y a deux ans avec un jetable lors d'un périple de six mois en Australie. Puis l'étudiant en géographie est revenu à Marseille et il a signé un