Londres, correspondance.
A Southampton, un équipage exclusivement féminin, onze femmes de sept nationalités différentes, s'apprête à larguer les amarres pour tenter de s'emparer du Trophée Jules-Verne, record du tour du monde sans escale, détenu par Olivier de Kersauson en 71 jours, 14 heures, 22 minutes et 8 secondes, depuis le 19 mai dernier.
«OK, c'est long, excitant et risqué" mais, pour moi, vous êtes complètement cinglées. Il faudrait me payer cher, très cher pour partir. Comme disent ces messieurs, faut en avoir dans le" pour se lancer dans une aventure pareille.» Dans le salon d'honneur de la Chambre des communes de Londres, ces quelques mots d'encouragement de Betty Bouthroyd, madame le speaker officiel du Parlement, provoquent des regards en biais et des sourires gênés. Tracy Edwards, elle, se cache discrètement derrière les serveurs de petits-fours. Du haut de son 1,54 mètre, cette Anglaise de 35 ans ne vit que pour la voile et se moque bien des mondanités.
Et à bien y réfléchir, elle aussi, il faudrait la payer cher, très cher, pour endosser le costume de speaker au Parlement. Etre la seule femme parmi plusieurs centaines d'hommes à exiger le silence, en tapant du poing sur la table, pendant les débats des députés travaillistes et conservateurs" c'est tout aussi cinglé. Etre speaker ou skipper, là n'est plus la question. Tracy Edwards et les dix autres navigatrices ont signé pour en baver. Depuis, discrètes mais efficaces, elles avalent les milles marins comme des