L'alpiniste russe Anatoli Boukreev est mort le 25 décembre, emporté par une avalanche de glace à 6 000 mètres d'altitude, au pied de l'Annapurna (8 091 m), dont il tentait l'ascension hivernale par la face Sud. Une grosse opération de secours avait été mise sur pied depuis Katmandou, avec plusieurs survols en hélicoptère, pour tenter de le retrouver, ainsi que Dimitri Sobelev, un cameraman russe. Mais le 4 janvier, sa girl friend américaine reconnaissait qu'il n'y avait «plus d'espoir de le retrouver vivant».
Anatoli Boukreev, 39 ans, avait gravi dix des quatorze 8 000 de la planète. «Il espérait avoir fini les quatorze sommets cette année, raconte miss Elizabeth Hawley, l'une des dernières personnes à l'avoir rencontré à Katmandou, avant son départ pour l'Annapurna. Il était très heureux de retourner à ses montagnes.»
Antihéros. C'est à l'Everest, le 10 mai 1996, qu'Anatoli Boukreev avait acquis une notoriété dont il se serait bien passé. Son rôle lors de la tragédie qui, ce jour-là, coûta la vie à huit personnes, cueillies par la tempête sur le plus haut sommet du monde, avait fait de lui une sorte d'antihéros aux Etats-Unis. Anatoli Boukreev, en effet, était employé comme guide dans l'expédition commerciale de Scott Fisher, au cours de laquelle le guide de Seattle trouva la mort. Dans un récit devenu best-seller l'été dernier, Into Thin Air (1), le journaliste Jon Krakauer, lui aussi présent lors du drame de l'Everest, avait raconté comment le guide russe f