Londres, envoyé spécial.
La question est à l'évidence un rituel. Le gardien du parking demande au gardien de but: «Alors Bernard, tu restes ou tu nous quittes?» La réponse ne varie guère: «Je ne sais pas, peut-être demain, peut-être pas.» Sous son bonnet noir, avant de regagner en taxi l'hôtel où il réside depuis décembre, Bernard Lama a le visage du type tourmenté. Surtout quand Creg Forrest le goal canadien qui l'empêche malgré lui de garder les buts de l'équipe londonienne de West Ham, lui lance un «au revoir» dépourvu d'ironie quoiqu'en français. Vendredi matin, avant l'entraînement quotidien, la secrétaire du club feignait l'étonnement. «Nous n'avons pas de nouvelles de Bernard depuis deux jours. Il est reparti en France.» Dehors, des hommes en survêtement de la même couleur que les briques pauvres des maisons qui enferrent ce triste terrain de l'est londonien se laissaient bercer par des «il ne reviendra plus». Glacial. Ceci en disait long sur l'état des relations entre l'ex-gardien du PSG et ses «hôtes» anglais. Dans le couloir qui mène à la cantine où chauffent des haricots et grillent des toasts, une étiquette vierge parmi les boîtes à lettres, toutes nominatives: c'est ici qu'atterrit le maigre courrier de Bernard Lama, si l'on se donne la peine de lire sur une enveloppe qui dépasse. La disparition du joueur durant quarante-huit heures correspondait en fait à un accord avec son entraîneur, après les premiers reproches publics adressés à celui-ci par le joueur. Le