New York, envoyé spécial.
Ils sont donc trois skippers absolutistes, Yves Parlier, Isabelle Autissier et Christophe Auguin, et leur maigre équipage (4 à 5 équipiers par bateaux) qui vont quitter samedi la marina de North Cove au pied des World Trade Center (1). Les deux tours de verre dédiées au dollar, ce dieu profane, étaient encore sous l'émoi de la visite éclair jeudi de Bill Clinton venu affirmer que «Wall Street est le moteur de la croissance des Etats-Unis».
La vigilance policière, pour l'anecdote, s'est juste inquiétée de ces bizarreries nautiques françaises qui se dandinaient sous l'auguste regard présidentiel. Personne ici n'a souhaité savoir pour quelles mystérieuses raisons ces voiliers avaient quitté leur continent d'attache pour celui-ci, bien plus froid à pareille époque, et quelles étaient leurs intentions. Les trois monocoques de 18,24 mètres à l'armement français (Géodis, PRB et Aquitaine Innovations) vont emprunter la route maritime qui relie New York à San Francisco. La Route de l'or, dont on célébrera précisément les cent cinquante ans le 28 janvier (2), exige de franchir le cap Horn vent debout (vent de face).
Concrétisation. On peut trou-ver bien crânes ces équipages qui vont s'embarquer pour au moins deux mois de mer. La route défunte des clippers a longtemps habité l'esprit de deux des trois navigateurs qui reprennent ici du service sur ces bateaux engagés dans le dernier Vendée Globe, tour du monde en solitaire et sans escale. Christophe Auguin (Géodis