Menu
Libération

Butyrskaya, un ange russe passe sur la patinoireElle décroche enfin l'or européen. Les Françaises déçoivent.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 janvier 1998 à 16h28

Milan envoyé spécial

Trois intrus sont venus troubler le championnat d'Europe de patinage aux allures de championnat de Russie. Car l'école russe, qu'on dit moribonde (patinoire en déliquescence, entraîneur en exil doré, motivations en berne) a écrasé le continent. Elle rafle les quatre médailles d'or et d'argent en lice, et ne laisse que des miettes de bronze aux pigeons, dont deux Françaises (en danse et en couple) et une Allemande (chez les femmes). La fine fleur Butyrskaya éclôt. On la croyait fanée. Flétrie d'avoir, en vain jusqu'ici, tenter de voir enfin consacrer cette épure qui habille si bien son patinage. Déprimée de se voir barrer le chemin de la victoire par des gamines insolentes en tutu et paillettes. Enterrée, avec, en guise d'épitaphe, une seule médaille de bronze à son cou. A 25 ans et beaucoup de poussières, Maria Butyrskaya tient sa revanche. Dépouillée de minauderie, rognée de tout artifice, sa glisse a enfin tenu jusqu'au bout, malgré un programme court écorné. «J'ai patiné pour me réhabiliter», dit cette éternelle dissidente de la course à l'athlétisme boursoufflé, au jeunisme ambiant. Elle est reine en sursis d'un royaume désormais en jachère (combien reste-t-il de patineuses de son âge?). «La conception féminine du patinage féminin l'emporte enfin», se réjouit un entraîneur. Elena Tchaikovskaïa, qui la chaperonne depuis un an, dit d'elle: «Elle n'a jamais autant travaillé. Jamais autant souri. On a tout repris à zéro: le ballet, la technique, l'esprit