Le soleil éclaire son visage. Elle a des paillettes d'or dans les

yeux et une médaille du même métal autour du cou. Raide pour ne pas flancher, une brume d'émotion dans le regard, Roxana Maracineanu s'imprègne de cet instant unique. Son torse bat au rythme fou de son coeur qui s'emballe. Elle entend l'hymne français, dont elle ne connaît pas bien les paroles. Ce n'est pas dans son école de Bucarest, où elle a passé toute son enfance, qu'elle aurait pu les apprendre. Ce n'est pas très grave. Elle est championne du monde pour la France, le pays que ses parents ont choisi il y a une douzaine d'années pour fuir le régime terrifiant de la Roumanie des Ceausescu. La petite Roxana a grandi. Elle a 22 ans, et elle se sent intouchable au sommet de ce podium. Seule avec son bonheur pour quelques instants encore, elle revit cette course éclair, ce 200 mètres dos qui a fait d'elle la première championne du monde de la natation française. Et elle commence seulement à y croire. Tout à l'heure, dans cette eau chaude de la piscine du Challenge Stadium de Perth, alors qu'elle venait de toucher le plot d'arrivée, Roxana n'était vraiment sûre de rien. Elle pensait bien avoir pris la mesure de ses adversaires des couloirs voisins, mais qu'avaient fait l'Américaine ou la Chinoise à deux couloirs de là? Pas mieux! Et le tableau d'affichage lui confirma la bonne nouvelle. Après une palanquée de titres nationaux, une place de vice-championne d'Europe l'été dernier à Séville sur 100 mètres dos (sur c