C'est une histoire à la française. L'histoire d'un stade qui allait
changer les habitudes. Pour une fois, ce ne serait pas la puissance publique qui paierait le beau projet. Non, fini, cette mentalité somptuaire" Cette fois, le privé allait payer. Il construirait le grand stade dont le pays manquait et il se rembourserait après, sur les recettes. Jacques Chirac avait évoqué le premier cette solution finaude, qui avait l'avantage politique de rompre avec les moeurs dispendieuses des grands travaux à la Mitterrand. Et d'ailleurs, le stade, Mitterrand ne s'y intéressait guère. Lui, le sport" En retour, les sportifs, leurs fédérations, en ont toujours voulu à l'ancien président de la République. Tous ont été blessés que leur monument n'ait même jamais été envisagé parmi les grands travaux de l'Etat. Alors, ils ont bataillé pour obtenir une autre reconnaissance: celle du site. Dans ce pays jacobin, l'important se place au centre. A défaut d'avoir les yeux rivés sur Notre-Dame, ils les auront sur le boulevard périphérique. Le stade à Saint-Denis, c'est en grande partie leur combat. Cela aussi, c'est une histoire française.
Mais le trait national, dans tout cela, c'est surtout le glissement. Car la puissance publique, évidemment, a payé. 1,2 milliard de francs, près de la moitié de l'investissement pour l'instant. La rentabilité du stade était bien trop faible pour jouer le tout-privé. C'est un équipement supposé d'intérêt général que les pouvoirs publics rêvaient de s'offrir sans bo