Melbourne correspondance
Son visage en lame de couteau n'exprime ni fatigue ni émotion particulières. Il faut le croire heureux mais ne pas compter sur l'expression de son extase. Heureusement, car Nicolas Escudé, 21 ans, ne serait pas encore redescendu de son nuage, après sa victoire contre l'Allemand Nicolas Kiefer en quart de finale de l'Open d'Australie.
Il avoue pourtant: «Je suis en plein rêve. Et je veux rester dedans pour tout le reste du tournoi.» A Melbourne, la réalité semble d'ailleurs échapper à tout le monde. «Il faut se pincer pour le croire», répète ainsi sans cesse Françoise Durr, la responsable du haut niveau féminin à la Fédération française.
Si Escudé lui-même s'est pincé intérieurement, durant son quart de finale, c'est aussi pour se secouer quand il s'est rendu compte que le tableau d'affichage indiquait qu'une fois encore, il était mené deux sets à zéro. Comme il l'avait été au premier tour contre le Suédois Larsson et au troisième tour contre l'Américain Reneberg. «Je me suis dit: allez! réveille-toi! Essaie encore de revenir.»
Quand on lui dit que c'est la première fois, depuis le début de l'ère Open (1968) et dans une épreuve du Grand Chelem, qu'un joueur remonte victorieusement à trois reprises un déficit de deux sets à zéro, il répond tranquillement, comme s'il s'agissait d'une évidence: «C'est la première fois, c'est bien.» Petite pause et d'ajouter: «Mais j'espère entrer dans l'histoire autrement.»
Son apparente nonchalance sur le court est comme un