Chaque mardi, la navigatrice, engagée à bord de PRB dans la course
en équipage New York-San Francisco, livre dans Libération le récit de sa semaine de mer.
«On va lentement en bateau, même de course, on va à la vitesse d'un bon cyclomoteur. Pour parcourir le monde, de nos jours, ça paraît terriblement, insupportablement lent. Pourtant, à bord, nous avons l'impression que cette planète est bien petite. Nous la regardons défiler sous notre étrave, surpris qu'elle change si vite d'un jour à l'autre. A peine deux jours dans les moiteurs de l'équateur, et déjà nous sommes dans la chaleur sèche de l'alizé; il ne s'y passera que quatre jours, et voilà le temps qui refroidit et annonce les quarantièmes" Oui, nous prenons un réel plaisir à ce voyage, qui n'est pas un simple transport d'un point à un autre, mais une sorte d'accomplissement en tant que tel.
«Pour l'heure donc, la mer d'un violet intense a cédé la place à un vert-gris, le ciel bleu implacable s'est chargé de grands voiles cotonneux et le vent est devenu plus colérique. Hier sont arrivés les premiers albatros, plutôt en avance sur le parcours, un peu touristes en goguette remontés de leur Sud natal, mais c'était un signe qu'une nouvelle page du voyage s'ouvrait.
«En attendant d'en découdre, la petite bande de PRB vit son train. Le jour, la nuit passent si vite, barrer, régler, manoeuvrer, bricoler, dormir, manger vite fait un sachet de nourriture déshydratée. Sur un bateau rapide et souvent brutal, par excès d'enthousiasme,