En plissant bien les yeux, on peut voir les sauteurs s'élancer du
tremplin. Ça se passe, à 500m, là, sur la gauche. Mais, ce matin-là, tous les journalistes prisonniers du bus travaillent leur torticolis, la tête en l'air. Rivée sur l'écran télé. La navette a pris la route trois heures plus tôt. Pour faire 47 kilomètres entre Nagano et Hakuba. Prise dans les embouteillages, une partie de la presse a dû se contenter de suivre la première manche via écran interposé. Un journaliste: «10 000 km pour ça"» Et d'implorer pour pouvoir finir à pied le chemin. Peanuts. Le conducteur aux gants blancs a poursuivi trois kilomètres plus loin, fait demi-tour dans un parking sans fin, avant de reprendre la route congestionnée en sens inverse et poser le gros des troupes. Une pluie d'injures made in USA a cueilli le chauffeur, qui s'est confondu en courbettes. Les Américains ont déjà oublié Atlanta et ses constipations routières. Le matin même, le fils de l'empereur avait panne d'oreiller sans doute bloqué le trafic pendant vingt minutes. Ubu s'est invité à Nagano. Les JO ont le mal des transports. Le comité d'organisation qui, conscient d'entrée que les transports «seraient leur préoccupation majeure», multiplie les signes d'apaisement. Que faire: augmenter les navettes, créer des routes à sens unique, pousser les foules à marcher" L'afflux massif de volontaires sémillants jettent parfois le froid. Hier, comme d'habitude, un chauffeur a enlevé ses chaussures, mis ses pantoufles, et r