Nagano, envoyé spécial.
Le hockey a un palet mais deux royaumes. Deux écoles s'affrontent: la nord-américaine et l'européenne. Elles ont développé, chacune, leur vision du jeu, leur propre style. Même si les différences ont tendance à se gommer voire à se partager, elles subsistent. La caricature veut qu'on oppose la force américaine à la technique européenne. En poussant plus loin la rondelle, on verrait surtout que la première allie puissance et impact, verticalité et individualisme. La seconde dialogue entre finesse et circulation, horizontalité et collectif. Spectacle. La base de cette opposition culturelle est double. Pratique d'abord: hors NHL (ligue nationale), la patinoire est plus grande (1). Elle favorise donc les espaces, la circulation. Culturelle ensuite: l'efficacité et la recherche du spectacle américaines ont poussé les structures et la formation à la compétition exacerbée.«En Amérique, explique un technicien, un môme joue cent matchs par an et s'entraîne une fois par semaine. En Europe, il joue un match pour trois entraînements.» Un formatage renforcé par la technique de recrutement. Un joueur français: «Nous, on recherche d'abord le talent et la glisse. Eux, le physique et la volonté.» Lou Lamoriello, manager de l'équipe américaine: «Chez nous, on apprend la conduite, l'intensité de jeu, et l'obligation du travail. En Europe, on enseigne le timing, la vélocité, et le contrôle du palet.»
L'équipe de France, qui tente de réunir les deux écoles, reste viscéra