La face ouest des Drus, flèche de granit rouge, est l'un de ces lieux mythiques où se fait l'histoire de l'alpinisme, un cirque parfaitement vertical de 1 000 mètres de haut dont les tribunes seraient juste en dessous, à Chamonix. Dans la nuit du 17 au 18 septembre dernier, toute une page de cette histoire fut brutalement arrachée lorsqu'un éboulement cataclysmique, qui réveilla les Chamoniards et intrigua des sismologues de Zurich, balaya la face.

Hélicoptère. C'est dans la grande cicatrice grise bien visible depuis Chamonix, tranchant sur le rouge ici dominant, que deux alpinistes russes viennent de laisser leur trace: Valery Babanov, d'Omsk, et Youri Kochelenko, de Rostov-sur-le-Don, ont ouvert une nouvelle voie dans la partie «ravalée» de la face. Bivouaquant huit jours dans la verticale, hissant leurs 80 kg de matériel, ils ont surmonté, dimanche matin, l'immense surplomb fragile qui défend le haut de la face, comme le toit d'une caverne où l'on pourrait garer dix hélicos côte à côte. Parvenus hier matin au sommet, ils ont été secourus dans l'après-midi par hélicoptère, victimes d'une chute à la descente. Youri Kochelenko, 34 ans, souffre d'un traumatisme dorsal. Sa vie n'est pas en danger. L'accident, comme souvent en montagne, est survenu à la descente, lorsque les deux alpinistes reprenaient pied sur des pentes de neige après une semaine passée dans le granit.

«Nous avons grimpé dans des rochers branlants, tout bougeait, racontait hier soir Valery Baba