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Libération

SAUT A SKIS. Le doyen des sauteurs nippons a racheté son concours manqué de Lillehammer par un bond record: son équipe est médaille d'or. Harada s'arrache, le japon s'envole

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publié le 18 février 1998 à 18h24

Concours par équipes

Or: Japon (Funaki, Harada, Okabe, Saito) 933,0 pts.

Argent: Allemagne (Hannawald, Jaekle, Schmitt, Thoma) 897,4 pts.

Bronze: Autriche (Hoellwarth, Horngacher, Schwarzenberger, Widhoelzl) 881,5 pts.

Masahiko Harada pleure comme un enfant. Bouche ouverte, il tente de s'essuyer les yeux avec ses gants blancs, mais les larmes sont trop abondantes. «Je l'ai eue», réussit-il à articuler entre deux sanglots. «Enfin, je l'ai.» Derrière lui flotte une banderole aux inscriptions rouges qui lui est destinée: «Vas-y Harada, saute encore plus loin.» Les skis à la main, il communique ses larmes aux 70 000 personnes présentes dans le stade de saut de Hakuba. Pendant près d'une demi-heure, rien ne semble pouvoir tarir ses pleurs. «C'est vous qui m'avez aidé», bafouille Harada dans le micro qu'on vient de lui tendre. Aveuglé par les larmes, il ajoute: «Je ne vois plus rien.» Tout à l'heure, lorsque Kazuyoshi Funaki, le dernier Japonais sur la liste, a sauté, la foule a retenu son souffle. Harada, les yeux livides, fixait le tableau d'affichage. Son coeur avait cessé de battre. Depuis les Jeux de Lillehammer, en 1994, Harada se croyait maudit: cette année-là, l'or n'aurait jamais dû échapper aux Japonais volants et pourtant, contre toute attente, Harada manqua le dernier saut et offrit l'or à l'Allemagne.

Suspense. Hier, après un nouveau saut raté par Harada, chacun avait en tête ce moment tragique. Le suspense a duré jusqu'au bout, jusqu'à Funaki. C'est sur lui que reposaien