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Libération

Vu d'en bar. Un score qui appelle le pastis. Pendant le Tournoi des cinq nations, le romancier Pascal Dessaint* regardera les matchs pour Libération dans un bistrot de Toulouse.

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par Pascal DESSAINT
publié le 23 février 1998 à 18h50

Qui se souvient? Un soir de finale de championnat. Les rues envahies

par une foule en liesse. Des canettes volent, les CRS chargent, ça dégénère, les lacrymos, à tir tendu, direct dans les bars, panique. On se souvient place Saint-Pierre, sur les bords de Garonne, à Toulouse, au San Pedro, au Bar Basque, et puis Chez Tonton, c'était il y a moins d'un an. Chez Tonton, on sert le pastis au mètre, la bière dans des gobelets en plastique, on est prudent, les jours de grand-messe. Rien à craindre cependant, sinon la bonne humeur, la parlote, on commente, on professe, on charrie, on déguste. Il sont tous là: Pierre, le patron, Nicolas, Charlot et puis Philippe, le Catalan, le «treiziste», qui survient, qu'on acclamerait presque, qui se hisse sur un tabouret en bout de zinc. ça tombe aussitôt: «La défense, c'est une question d'envie, et puis de la gestuelle!» Le serveur enchaîne: «Les jambes sans les mains, c'est pas bon...» Il en faudrait beaucoup pour que Chalmers impressionne. On s'en prend plutôt à l'arbitre, c'est vrai qu'il y a hors-jeu, mais il ne faut pas chercher avec les arbitres anglo-saxons, on n'est pas de la même culture! Et puis de toute façon les Ecossais ne gagneront pas, avec ou sans lui. ça râle, ça roumègue, et lorsque Walton cravate Bernat-Salles: «En taule!» On met de l'ardeur, même si parfois cela paraît un peu embrouillé. Qu'importe! On a d'autres raisons de se faire de la bile: l'espace d'un instant, l'image se brouille et Nicolas exige que le maître des li