Une légende raconte qu'avant d'arriver dans un refuge Georges
Livanos prenait toujours soin d'arborer au coin des lèvres une Gitane et un petit sourire dégagé, histoire d'impressionner un éventuel public par son aisance. Georges Livanos, dit le Grec, monument de l'alpinisme des années 50 et 60, ne manque pas d'air.
Cigarette, frime et superlatif. Cet homme-là est sans doute le plus extraordinaire mélange de forfanterie et d'autodérision jamais vu dans les Alpes. On pourrait dire que Georges Livanos, qui écrit volontiers à la troisième personne (exemple: «le Grec, le grimpeur le plus modeste des calanques»), a légué à la postérité l'alpinisme superlatif. Il a planté plus de pitons, ouvert plus de voies d'escalade dans les calanques de Marseille (500), effectué plus de bivouacs (100), fumé plus de Gitanes (un paquet, même dans la paroi la plus"), impressionné plus de rivaux que quiconque. Il a osé se mettre en scène en Tartarin dans les Alpes sans aucune, mais alors aucune crainte du ridicule au chapitre XV de ses mémoires, Au-delà de la verticale (ne pas chercher dans le titre une quelconque quête mystique). C'est ce livre, paru en 1958 dans la fameuse collection «Semper Vivum» d'Arthaud, que l'éditeur chamoniard Michel Guérin (1) ressort dans une belle édition illustrée. Extraits.
«La modestie est le sommet de la technique du poseur parfait.» Ou: «Vos bons amis ne diront jamais que vous êtes fort? Dites-le, on finira par le croire.» On le croit sur parole.
«Donc un beau matin, L