Rappel: avec Louis Lachenal, Maurice Herzog est parvenu le 3 juin
1950 au sommet de l'Annapurna. Ce fut le «premier 8 000» gravi, et un succès de librairie: «Empilés les uns sur les autres», écrit Maurice Herzog, les exemplaires d'Annapurna premier 8 000 «dépasseraient la hauteur de plusieurs dizaines d'Annapurna». Sans attendre le cinquantenaire, Maurice Herzog raconte (1) ce que fut sa vie après. Ou comment, après avoir découvert le plaisir de la popularité devant une salle Pleyel comble («Sûr de ma vérité nouvelle qui m'aveuglait maintenant, je fis irruption sur la scène»), il se frotte aux grands de ce monde pour se faire briller. C'est à peine croyable. Il soumet une idée à John Kennedy («formidable suggestion, Maurice! Il faut un idéal à notre jeunesse»). Robert Oppenheimer, père de la bombe A, se confie à lui («Bien que j'en éprouvasse quelque gêne, il me disait qu'un héros est au-dessus des patries parce qu'il honore et illustre l'humanité»). Il prodigue ses conseils à Hergé («Grandement merci, cher monsieur Herzog, de vos conseils et informations. Déjà, j'ai trouvé le titre: Tintin au Tibet»). Malraux, qui l'a fait entrer au gouvernement (Herzog sera secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports de 1958 à 1966), l'admire: «Ce qui lui manquait peut-être, c'était de n'avoir pu accomplir une action d'éclat. Il en était frustré et reportait sur moi ce qu'il n'avait pu illustrer lui-même à ses propres yeux.»
Héros patenté, Maurice Herzog sait débusquer les usurpateurs.