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Libération

Vu d'en bar. Mêlée ouverte entre deux pintes. Pendant le Tournoi des cinq nations, le romancier Pascal Dessaint regarde les matchs pour Libération dans un bistrot de Toulouse.

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par Pascal DESSAINT
publié le 9 mars 1998 à 22h30

«On vient, on gagne et on s'en va"» Présomptueux, les Toulousains?

Peut-être bien" Le Killarney est un pub situé rue Alfred-Duméril. Entre deux postes de télévision, l'un à l'entrée, l'autre près des WC, il faut choisir. Des maillots sous verre, de l'équipe de France, du Stade ou des All Blacks, forment une frise tout le long d'une poutre apparente. De jolies filles, rayonnantes, s'exaltent parmi une assemblée essentiellement masculine, compacte. Les grands jours, c'est de la folie. On se serre, on se bouscule, on chante, on tient avec fermeté son verre de Guinness. Les Irlandais de Toulouse sont au rendez-vous et on devine qu'ils ne seraient pas contre la perspective de jouer un vilain tour à des Bleus trop sûrs d'eux. Les serveurs aussi sont irlandais, à l'exception de Lionel. Parés de maillots verts, ils donnent de la cloche, chacun leur tour, à la pénalité réussie, à l'essai marqué, selon que le coeur balance d'un côté ou de l'autre. La cloche accompagne applaudissements et cris de joie, les relance, à l'envi. Quand Califano apparaît en slip sur l'écran, ça siffle, et Nathalie remarque: «Y va quand même pas rentrer au vestiaire, et puis, hein, on en a vu d'autres"» Les Bleus sont à la peine et on se rassure comme on peut, ainsi Guillaume, qui observe: «Ça leur fera peut-être du bien d'être menés au score"» Tandis que Patrick martèle que les Irlandais bloquent le jeu" Chacun convient d'une chose, le match est musclé, ça cogne, ça piétine. Drôle de capitaine, ce Wood. Il