Toujours étonné, à 38 ans par sa souplesse, mais affaibli par la
douleur, le joueur abandonna la partie. On peut trouver qu'il s'agit d'une fin bien ordinaire et que les champions doivent finir ainsi: épuisés. Le sportif serait donc toujours victime d'une trahison musculaire, ou plus rare, d'une panne de coeur. Richard Dacoury était un basketteur que l'on imaginait promis à l'immortalité sportive, mais qui n'a pas résisté à ces deux blessures conjointes. Pendant vingt ans, la faculté s'est beaucoup penchée sur ce corps couleur caramel de près de deux mètres. Récemment encore, et à son grand étonnement, elle a trouvé des crevasses sur ses biceps. Puis, elle s'est rappelée qu'elle y avait aussi laissé d'anciennes coutures sur les genoux et puis aussi, ça et là, des cicatrices sous les tendons des chevilles. Alors quand craquent les membres et que gémissent ces phalanges qui ont tant porté de ballons, on dit que le champion est libéré de tout devoir. «L'engin est cassé et il n'y a plus de pièces détachées.» Ainsi, pourtant, Richard Dacoury s'est-il comparé le 16 février à une machine qui ferait de l'huile et qui ne tournerait plus très rond. C'est toujours très pénible pour un homme d'expirer comme un moteur à explosion. Mais pour un champion, c'est presque un trépas mythologique. Pourtant Richard Dacoury ne s'est jamais imaginé abandonner son sport d'une autre manière. Car il y a une férocité toute animale dans cette façon dont le corps a poussé d'un coup cette tête bien fait