Il est donc prouvé qu'une victoire allemande, en terre italienne,
peut encore plonger toute une nation dans le désespoir. Erik Zabel, en remportant pour la deuxième année consécutive la première classique de la saison cycliste, a provoqué un épouvantable micmac dans le peloton italien. Sa victoire est limpide, et c'est bien là toute l'affaire. Le coureur de Telekom règle au sprint deux Français après six heures et demi de selle et 294 kilomètres. Emmanuel Magnien (Française des Jeux) échoue d'une roue sur la ligne, quant au sprinter des Gan Frédéric Moncassin (3e), il doit se demander qui pourra le délivrer du mauvais sort. Après la course, ce sont les attaquants qui ont fait exploser leur rage. «C'est incompréhensible!», a fulminé Richard Virenque (Festina), dont l'échappée en compagnie de l'Italien Rossano Brasi (Polti) est venue mourir doucement avant l'ascension du Poggio, dernière difficulté de l'épreuve: «C'est Brasi qui attaque en premier et il refuse ensuite de collaborer. Je suis persuadé que cela pouvait être la bonne occasion.» Encore sous le coup de la colère, l'Italien Alberto Elli (Casino), seul en tête jusqu'aux 1500 mètres, a mis en cause directement son compatriote Gabriele Colombo (Ballan), vainqueur de Milan-San Remo 1996, dont l'extrême activité en tête de la course a fait le jeu des sprinters. Gabriele Colombo n'a convaincu personne quand il a rappelé qu'il visait simplement la victoire. Évidemment l'argument n'a pas apaisé le courroux d'Alberto Elli: