A ce joueur détonnant, on a vite promis un étonnant avenir.
Avant-hier encore, Marcelo Rios, c'était un oeil unique et une vitesse de bras fulgurante, des jambes increvables et un état d'esprit de révolte permanente. Depuis hier soir, c'est un numéro, le seul qui vaille en tennis pour marquer son temps: le 1. A 22 ans, le Chilien est le premier joueur sud-américain à poser sa raquette au sommet du tennis mondial. Il a fallu, pour y parvenir, passer par quelques épreuves. D'abord, hier soir, battre un joueur qui lui ressemble tant et qu'il n'avait jamais joué jusque-là: Andre Agassi, son double (trompeur), qui ferraille ces temps-ci pour tordre le coup à son image de has-been. En finale de Key Biscayne, gros tournoi tapi dans l'ombre des quatre du Grand Chelem, Rios a donc balayé le revenant avec son tennis, plus tendu et rêche que jamais. Trois sets, 1 h 56 minutes et un score 7-5, 6-3, 6-4 sans appel.
Il a fallu aussi compter sur l'anémie d'un joueur sans équivalent: Pete Sampras, n°1 mondial depuis 102 semaines. Ces jours-ci, Sampras semble souffrir du syndrome tour d'ivoire, un mal comparable à celui qui touche Hingis (lire ci-dessous). Il a fallu surtout à Rios dompter un peu de ses sens en émoi, tordre le coup à ce sentiment de supériorité" et savoir perdre. C'est dur pour un tel talent de savoir perdre. Marcelo Rios y est parvenu. Sous la houlette d'un coach Larry Stefanski, son mentor psychologue. Depuis sa finale perdue à l'Open d'Australie, le Chilien a mis de la soup