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Libération

RUGBY. Après son grand chelem, la France porte les espoirs de l'Europe face à l'hémisphère Sud. Le Nord voit son avenir en bleu.

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publié le 7 avril 1998 à 0h30

Les jeunes joueurs du XV de France ont les épaules larges. Ça tombe

bien, car en remportant le grand chelem, en y employant cette manière si limpide, ils viennent de prendre sur eux tous les espoirs de l'hémisphère Nord. En quittant Wembley dimanche soir à l'heure où les balayeurs nettoyaient les tribunes vides, il était possible de surprendre cette scène curieuse sur le chemin de la gare: dans un pub, des Gallois et des Anglais chantaient La Marseillaise. Pourquoi? «Il faudrait que les Français gagnent la Coupe du monde. Ce serait bon pour le rugby d'ici.» Et en quoi les rugbymen français seraient-ils ces champions? «Ils ont leur propre manière. Nous les Anglais on est un peu trop fascinés par l'hémisphère Sud.»

Le dernier match du tournoi contre le pays de Galles fut en ce sens une évidence. En dehors de tout chiffre, cette victoire (51-0) ­ fut celle d'un jeu familier. Un demi d'ouverture qui accélère, cadre et déborde pour lancer son attaque à toute vitesse c'est le mouvement d'un rugby de toujours, même si Castaignède accélère plus et plus souvent, même si sa ligne d'attaque va plus vite que jamais. Le XV bleu a joué ce rugby qui a toujours laissé admiratifs les Britanniques. Cette fois-ci, c'est absolument nouveau, tous s'y sont mis, les avants libérant les balles sur le même tempo, les troisièmes lignes accélérant la cadence. Ainsi, c'était un jeu d'instinct et d'inspiration, sans stéréotypes, sans modèles. Cette façon de compter sur ses propres forces, de puiser dans