Valenciennes envoyé spécial
Eros Poli est le plus grand paravent du peloton. «Grand vélo, grande selle, grandes jambes», s'esclaffe Frédéric Moncassin, qui partage la chambre de l'Italien. Et grand lit pour caser de traviole un corps inhabituellement long pour un capitaine de route. Depuis deux saisons, Moncassin, le sprinteur de l'équipe GAN, se blottit derrière cette locomotive de 1,94 m et 85 kg quand le vent vient à faire siffler les rayons dans les plaines du Nord ou sur les routes du Tour de France. Le tandem qui, l'an dernier, a échoué d'un cheveu sur la ligne bleue du vélodrome de Roubaix est aussi solidaire sur les routes qu'une jante d'un boyau. «Il ne fait rien pour son intérêt personnel, explique Moncassin. Comme il le dit lui-même, il n'arrive pas à se mettre en avant, il en est vachement conscient, et il exploite ses qualités à fond. C'est quelqu'un qui ne trahit jamais.» Ces éloges font d'Eros Poli un des Moïse du peloton, de ceux qui ouvrent des voies là où ça ferraille, «à l'instinct», en imposant sa carcasse et son expérience sans avoir à être agressif.
«Je suis un très bon diesel». A 32 ans, sèchement remercié par l'équipe italienne Saeco après six ans de loyaux services pour Mario Cipollini, il a été récupéré par Roger Legeay, directeur sportif de GAN, pour aider un groupe orphelin, après le départ de Duclos-Lassalle, à trouver ses repères en course. «C'est vrai que, chez eux [Saeco, ndlr], je n'étais pas très considéré, il n'y avait aucune gentillesse de