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Libération

Les artifices techniques ont fait long feu. Sur les pavés, les vélos révolutionnaires ne servent à rien.

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publié le 13 avril 1998 à 0h56

Parmi les classiques du Nord, Paris-Roubaix ne se distingue pas

seulement par le sentimentalisme qu'elle dégage, sa renommée. La plus célèbre des courses pavées ne laisse que peu de place à la ruse même si Frédéric Guesdon, l'an dernier, a prouvé qu'il fallait avoir de la tête une fois entré sur le vélodrome, au milieu d'un peloton grassouillet. Malgré cela Paris-Roubaix reste une épreuve pour hommes forts, endurants, qui font la différence par leur seule puissance à se dégager de la meute, sur les portions les plus délicates du tracé, hérissées de pierres vachardes et creusée de trous piégeux. La règle d'or est donc de rouler le plus vite possible sur les portions les plus accidentées, seul de préférence, au faîte de la route et de ne jamais descendre en dessous de ce que les coureurs appellent «seuil de vibration», seuil aussi relatif que fatidique. Au début des années 90, on a cru pouvoir atténuer l'effet de ces vibrations, qui causent le malheur de beaucoup, par des solutions techniques, contredisant l'adage énoncé par Roger DeVlaeminck quatre fois vainqueur de l'épreuve dans les années 70: «C'est la vitesse qui permet de franchir les pavés.» Le Belge abordait le prélude de la course sur le bitume armé d'un braquet ridicule (42-12), pour placer une accélération foudroyante à l'amorce des champs de mines, en s'attelant à un 52-12 pour atteindre quelque 55 km/h, là où la chaussée ressemble à l'arête noire et grise d'un caïman à demi-immergé. Dans les années 80, un ancien