Une succession de sas vitrés qu'ouvre une carte magnétique, une batterie d'ascenseurs métalliques et, tout en haut d'un vaste immeuble lumineux, tout au bout d'un dédale de couloirs moquettés, le saint des saints: la présidence du comité français d'organisation (CFO) de la Coupe du monde. On pénètre dans ce bunker cossu, caché dans une petite artère du XVIe arrondissement, comme on entre au Pentagone: bardé d'autorisations et d'accompagnateurs. Le «coprésident» Platini n'est pas plus aisément accessible. Rendez-vous fixé deux mois à l'avance, entretien minuté et photographe peu désiré: la star a un statut à honorer. Le costume a l'austérité des responsabilités, la poignée de main la rigueur de l'exercice imposé et la pose, dans le canapé de son bureau, la nonchalance du pouvoir. «Je suis passé de l'insouciance au plaisir, puis du plaisir au duo "plaisir et responsabilités, et je finis par les responsabilités" en essayant de sauver le plaisir.»
«Plaisir», maître mot de la philosophie platinienne. Le short du gamin espiègle, les crampons du joueur facétieux et le survêt du sélectionneur détaché sont loin. Mais «Platoche» n'a pas vraiment changé.
Tout au long d'une carrière passée avec un oeil fixé sur sa balance, l'amoureux du risotto n'a jamais aimé son reflet. Il multiplie les caprices pour échapper à l'objectif du photographe: «Débrouillez-vous!» Enfant gâté du sport français, «M. le Président» a conservé les angles rugueux du footeux pur sucre. Chambreur, un rien cassant et