Menu
Libération

Dix stades racontent dix villes (5). A la Beaujoire, Nantes attend les beaux jours. La beauté froide du lieu renforce la nostalgie de Saupin.

Article réservé aux abonnés
publié le 24 avril 1998 à 23h34

Avant de monter dans le tramway, direction la Beaujoire, un détour

par Marcel-Saupin s'impose. Une question de respect pour les anciens. Il faut y aller à pied, forcément. Pour prendre le temps. Fouiller dans la boîte à souvenirs, scellée un 8 mai 1984, date du match inaugural à la Beaujoire. Un certain France-Roumanie, gagné 1-0 par les Bleus.

Ce samedi matin, donc, une fois remonté l'avenue Carnot, passé la cité des Congrès flambant neuve puis franchi le pont de Tbilissi, le doute n'est plus permis. Dans un quartier en pleine mutation, le stade Marcel-Saupin, triste vaisseau de pierre amarré en bord de Loire, n'attend plus rien de la vie. Les quatre drapeaux rouges qui flottent aux coins du pré ne trompent personne. Les tarifs de la saison 1997-1998 affichés quai de Malakoff non plus: 38 francs en tribune d'honneur, 24 en populaire, pour assister à des matchs amateurs. Les mauvaises herbes qui poussent sous le bitume en disent beaucoup plus long. Les deux hommes qui font pisser leurs chiens sous les tribunes, du côté du canal Saint-Félix (entre Loire et Erdre), aussi. Et ces cadenas rouillés, fermés sur ces grilles rouillées, ne semblent là que pour retenir la mélodie de la nostalgie.

Boire à Saupin. Cette musique, elle raconte comme il était marrant, les soirs de match «à la mi-temps», de voir Saupin se vider. Une mi-temps, juste ce qu'il fallait pour se rincer le gosier au muscadet, là, sur le trottoir, sous les tribunes, avant de remonter. Elle glisse que les merguez étaie