Imola, envoyé spécial.
C'était à l'aube de la saison 1996 dans le paddock de Melbourne. Jacques Villeneuve faisait alors ses débuts en Formule 1. Et l'ancien pilote allemand Jochen Mass vivait tous les tourments. Depuis deux jours, ce solide gaillard au sourire avenant, tournait en rond et n'arrivait pas à se décider. Ce n'est qu'à quelques heures du départ du GP d'Australie qu'il trouva enfin la force d'aller à la rencontre du Canadien. Dissimulant son émotion, d'une poignée de main franche et amicale, l'Allemand souhaita à Villeneuve bienvenue et bonne chance.
Dès lors, Mass était débarrassé d'un énorme poids. Car, dans le souvenir de beaucoup, le pilote allemand reste celui qui conduisait cette monoplace sur laquelle la Ferrari de Gilles Villeneuve vint prendre son envol vers le ciel et le néant un samedi de mai 1982. Et Mass a longtemps souffert d'être désigné comme le principal coupable de la mort du «petit prince de la F1». «L'accident de Gilles est le résultat d'une mauvaise décision commune, dit Mass, aujourd'hui âgé de 41 ans. Je me suis mis sur la droite de la piste pour lui laisser le passage sur la trajectoire. Il a lui aussi plongé sur la droite alors que ma voiture était devenue un obstacle.» A plus de 250 km/h, le choc fut terrible et Villeneuve ne devait pas y survivre. «Je suis descendu de ma voiture, j'ai vu Gilles par terre. Il avait perdu son casque. J'ai vu ses yeux ouverts, j'ai su que c'était fini" Evidemment, même près de quinze ans plus tard, ce fut d