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Mondial 98. Dix stades racontent dix villes (7). Gerland à Lyon, l'utopie du sport pour tous. En 1913, son architecte entame la construction d'une cité du sport vouée à l'hygiène du corps. Un rêve qui s'est étiolé au fil des ans.

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publié le 27 avril 1998 à 23h43

Lyon envoyé spécial

D'aspect extérieur, pour le passant distrait, le stade de Gerland, à Lyon, n'a pas dû beaucoup changer. Il y a toujours les quatre portiques monumentaux et autant d'escaliers qui y montent. Le nouveau Gerland, celui de la Coupe du monde, est tout à l'intérieur en belles tribunes à angle droit et déborde un peu quand même. Le stade a été travaillé comme dans une coquille dont on aurait préservé la minceur. Mais Gerland a toujours été comme ça. Depuis le début, il n'a jamais été définitif et, s'il raconte Lyon, c'est à cette manière de ne jamais poser la dernière pierre. En fait, Gerland ne parle pas de sport mais d'une utopie où le bonheur se construit selon la raison, d'un désir et de son épuisement.

Vu d'aujourd'hui, il faut tout de même un peu se pincer pour arriver à croire que le moteur de l'utopie fut Edouard Herriot, maire de Lyon de 1905 à 1957. Mais, même s'il travailla très tôt à son destin, Herriot ne fut pas toujours un des patrons du radicalisme français. Donc Edouard Herriot fut jeune, eut des idées «avancées», comme disaient les bourgeois de l'époque, fut assez empreint par le socialisme du XIXe siècle. C'est lui qui, peu avant la Première Guerre mondiale, demanda un stade à Tony Garnier, nommé par ses soins architecte de la ville de Lyon en 1905. Le politique est né en 1872, il a achevé ses humanités rue d'Ulm, c'est un professeur, ou, plutôt, la crème des professeurs dont la IIIe République fit ses piliers. Il est élu maire peu après avoir é