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Mondial 98. Dix stades racontent dix villes (8). Bollaert à Lens, a rendu sa bonne mine à la ville. Construit du temps des «gueules noires» sur des puits de charbon, le stade leur a survécu. L'édifice a acquis ses lettres de noblesse et donné un second souffle à l'économie locale.

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publié le 28 avril 1998 à 23h47

Ce sont quatre tribunes de béton gris, abruptes, entre lesquelles le

vent du Nord s'essouffle. On distingue au loin la mamelle noire d'un terril qui s'avachit, le bruit de fonte des trains qui foncent derrière les gradins. C'est à cause de cette ligne Paris-Dunkerque que les architectes de la dernière version du stade Félix-Bollaert n'ont pas eu d'autre choix que d'élever les murs du vieux terrain vers ce ciel blanc qui voile si souvent les contours de Lens. La couleur et la chaleur ont été gardées pour l'intérieur. A la rudesse de cet édifice, le maire, André Delelis, oppose une réalité économique avec laquelle il compose depuis trente-neuf ans. «J'ai dit à l'architecte: "On a 200 millions de francs, et pour moi un stade, c'est d'abord une pelouse. Beau ou pas de l'extérieur, ce n'est pas mon problème. Je préfère Bollaert à Louis-II (Monaco), car je n'aurais pas voulu d'un théâtre d'opérette.» Cet aspect unique, qui vaut à Bollaert d'être comparé aux «stands» d'Angleterre, n'est pas un effet de style, même si Albion n'est pas étrangère à l'édification d'un stade, précisément sur ce site. Une ville de 35 000 habitants possédant une enceinte sportive de 42 000 places, cela interloque, forcément. Aux Japonais et aux Coréens qui appellent régulièrement monsieur le maire pour s'en étonner, ce dernier pose sa pipe et rétorque que son club est celui d'une région qui va de l'Artois au littoral, de la Belgique à la Picardie, et que seulement 11% de ses administrés le fréquentent, p