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Libération
Interview

Christian Bromberger participe aux colloques organisés par le CNRS et l'Insep. «Il y a une footballisation de la société». Pour le sociologue, le foot sert d'analyseur du monde contemporain.

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publié le 12 mai 1998 à 2h37

Professeur à l'Institut d'ethnologie méditerranéenne de l'université

d'Aix-Marseille; membre de l'institut universitaire de France, le sociologue Christian Bromberger s'est toujours penché sur le sport comme miroir de la société. A l'occasion d'une série de rendez-vous universitaires sur le foot (lire encadré), il revient, pour Libération, sur le football comme grille de lecture du monde contemporain.

Quels enseignements le foot apporte-t-il aux chercheurs? On a souvent hésité entre le discours diabolisant et le discours apologétique. Le foot a longtemps été un domaine considéré comme illégitime. Il ne l'est plus aujourd'hui. Le football est une clé privilégiée, un phénomène exemplaire. Il se donne facilement à voir, à lire, et condense la plupart des problèmes de société. C'est un révélateur. Et cela à tous les niveaux: le problème identitaire, le rapport hommes-femmes, le statut des émotions... Il cristallise aussi bien les tendances conjoncturelles que des enjeux essentiels du monde contemporain, comme le mérite, la solidarité, la chance, la justice, la tricherie. Dans un univers mondialisé, il montre enfin un mode particulier d'appropriation national ou local. Ainsi, l'équipe de France, par ses joueurs d'origine variée, est l'incarnation visible du droit au sol. Sur tous ces plans, le football est une formidable leçon d'ethnologie et de sociologie.

Pourquoi le foot plus que d'autres sports?

Parce que le foot est le référent universel. C'est un jeu simple, qui impose un mini