Il y a une indication qui ne trompe pas: «Ici, on aime le rugby.» On
actionne le carillon plusieurs fois, plusieurs minutes, sans qu'aucun Lièvremont ne se bouscule au portillon. Rolland, le papa, est avec ses poules à plumes de soie et ses canards au long cou. C'est tout au fond du jardin où il y a des pigeons, aussi, parce qu'on «aime bien manger des choses saines». Lièvremont: le patronyme a de l'élan. On y devine le bruissement dans les buissons sauvages à flanc de montagne. Père de huit enfants, sept garçons aux prénoms d'apôtre et une fille nommée Claire, Rolland le Franc-Comtois s'est installé dans cette vaste maison «toujours ouverte», précise sa femme Irène, après que sa carrière de militaire leur eut fait découvrir un bout de ligne droite qui descend des Pyrénées pour tomber dans la Méditerranée. Deux internationaux. A 58 ans, l'homme a la voix sûre et le physique charpenté. Depuis samedi dernier, il essaie pourtant de tenir sa langue. «A force de répondre aux mêmes questions, on s'est demandé si on était dans le vrai.» Les interrogations portent sur deux fils qui se retrouvent ce samedi opposés en finale du championnat de France de rugby. Marc, l'aîné de 29 ans, a pris la poudre d'escampette l'an dernier, quittant famille et équipe de Perpignan pour jouer à Paris, au Stade Français. Thomas, de cinq ans son cadet, est, lui, resté en Catalogne et continue de venir déjeuner en famille. Les deux Lièvremont sont également internationaux, ont remporté ensemble le Tour