Tous les matins quand il se lève, Gérard Majoral, troisième ligne de
l'USA Perpignan, voit devant lui le mont Canigou. Il dit en rigolant: «La montagne sacrée.» S'il s'étire sur le pas de sa porte sans quitter des yeux la cime qui domine les Pyrénées fléchissantes aux abords de la Méditerranée, il touche du doigt un citronnier et un oranger.
Tous les matins quand il se lève, Vincent Moscato, talonneur du Stade Français, voit les tours du XIIIe arrondissement de Paris. S'il descend sur le pas de sa porte, il dit bonjour au Chinois qui tient le bazar d'à côté. Il est vraisemblable que le troisième ligne de Perpignan se lève plus tôt que le talonneur de Paris et on ne parlera plus du Chinois. Gérard Majoral cultive les pêchers à Thuir et, comme tous les paysans, il s'est toujours levé de bonne heure. Il est possible d'ailleurs que ça lui ait pesé. Quand il explique comment il en est arrivé à jouer au rugby, on comprend que c'était une récréation dans le travail. Son père, international à XIII, puis entraîneur de l'équipe de Thuir à XV, était ouvrier agricole, et s'il est devenu propriétaire c'est en travaillant beaucoup, en plantant par exemple dans des champs défrichés où personne ne pensait que la pêche puisse venir.
Vincent Moscato, est né à Paris et se souvient bien du palais de la Découverte et du musée de l'Homme, où sa grand-mère l'emmenait quand il avait 7 ans. Ses parents sont partis dans le Tarn, et il a joué au rugby. A 18 ans, il signe à Graulhet. En 1989, il arrive