Chantal Mauduit est morte à 34 ans, il y a quelques jours sur les pentes du Dhaulagiri (8 167 mètres), un sommet proche de l'Everest. Elle a été ensevelie par une petite coulée dans sa tente, à 6 300 mètres d'altitude, avec un alpiniste népalais, Ang Tséring. Les Catalans qui ont retrouvé les corps avouent ne pas comprendre parfaitement ce qui s'est passé (la tente n'était qu'à moitié ensevelie) et pensent que les deux alpinistes sont morts asphyxiés, pendant la nuit. Une chose est sûre: la température était très basse: - 40 degrés.

Ang Tséring était son ami, son compagnon de cordée ­ «Attention, disait-elle, un sherpa n'est pas forcément un porteur» ­ qui l'avait accompagnée à plusieurs reprises dans ses expéditions. Lorsqu'elle partageait ses repas, elle faisait comme lui, bouddhiste, des pudjas (offrandes). Elle avait une passion pour le Népal, où elle a passé la moitié de sa vie. Mystique, elle soutenait la cause tibétaine et avait rencontré le dalaï-lama à l'automne dernier.

Que retiendra-t-on de cette alpiniste fantasque, rieuse, séduisante: quelques vers tagués sur sa tente au pied de la face sud de l'Annapurna? Des mots lâchés dans le vent depuis les plus hauts sommets de la Terre? Un sourire rayonnant sur un plateau de télé, où elle saluait, mains jointes à la népalaise, d'un «namasté» qu'elle arrivait à ne pas rendre déplacé? Femme des 8 000. A l'entendre, l'Himalaya n'était que grâce et légèreté, et la haute altitude, «une expérience sensorielle, où tout est exacerb