Il y eut vraisemblablement, passé le moment de l'annonce, un
désagréable petit côté «fais tes valises». Nous sommes vendredi soir, six joueurs sont convoqués par Aimé Jacquet dans un salon discret de Clairefontaine. Pas besoin de beaucoup d'explications, le compte est bon, les grands discours n'ont plus de raison d'être. On se comprend. Au bout de dix minutes, Djetou, Anelka, Letizi, Lamouchi, Laigle et Ba remontent en chambre boucler leur bagage. Le sélectionneur national leur bien a proposé de rester jusqu'au lendemain, de passer encore une journée au milieu des 22 élus. Mais Ba et Anelka, piqués dans leur orgueil, ont refusé, alors les autres ont suivi le mouvement. «Voir partir des potes, ce n'est pas facile», dira Thierry Henry le lendemain. «Ce fut un moment difficile, ce sont des copains, des amis. Alors forcément on est déçu pour eux», regrettera Trézéguet. Dans la chambrée à quatre, l'espace est désormais double. Le jeune duo monégasque, les deux qui restent, regardent partir Djetou et Anelka qui partageaient la chambre. Au bas de l'escalier, des sacs posés. Lizarazu qui descend voir ce qui se passe aperçoit le discret remue-ménage. Personne ne l'a prévenu mais il saisit tout de suite et relativise: «On a tous été des deux côtés, la vie d'un footballeur est faite de choix, la sélection existe constamment, depuis les équipes de jeunes, jusqu'à la vie en club ou en équipe nationale.» Le joueur du Bayern parle de regards qui se croisent, de phrases qui ne sortent pas.