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Les quinze Coupes du monde revisitées (3) France 1938: la Coupe d'un monde inquiet

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Les bruits de bottes en Europe étouffent les clameurs des stades.
publié le 25 mai 1998 à 2h06

De l’Uruguay jusqu’aux Etats-Unis, quinze épisodes pour récolter des jours de Coupe du monde dans les pays qui l’ont organisée.

Les images sont floues. Comme si la mémoire avait fait sa propre sélection, traumatisée par l'horreur de ce qui allait suivre. Preuve que le ballon ne pèse pas lourd face aux boulets des canons. Alors, ne restent que quelques photos jaunies, sorties de tiroirs poussiéreux. La troisième Coupe du monde eut pourtant bien lieu en France, en 1938. Mais, les slogans fascistes poussés outre-Rhin faisaient bien plus de bruit que les clameurs des stades. Les espoirs suscités par le Front populaire en 1936 se révèlent désormais illusoires; la guerre mondiale approche à grands pas. Jules Rimet, président de la Fédération internationale de football (Fifa), réussit néanmoins à rapatrier en France l'organisation d'un événement qu'il avait créé huit ans plus tôt. Non sans mal. Certaines nations se montrent réticentes. Le pays manque cruellement d'infrastructures sportives. Le stade de Colombes, construit pour les Jeux olympiques de 1924 et propriété du Racing Club de France, voit sa capacité portée à 60 000 places, contribution de l'Etat à l'appui. Les huit autres sites (1) s'adaptent tant bien que mal pour recevoir la crème du sport le plus populaire en France avec le cyclisme. Jules Rimet, malgré les absences remarquées de l'Argentine, vexée de ne pas voir appliquer la règle de l'alternance intercontinentale pour l'organisation, et de l'Angleterr