De l'Uruguay jusqu'aux Etats-Unis, quinze épisodes pour récolter des jours de Coupe du monde dans les pays qui l'ont organisée.
Vide, le Maracaná est encore plus impressionnant. Un homme s'extrait de l'ascenseur du dernier étage et entreprend à pas comptés la descente d'une allée. Luis Mendes, chroniqueur pour Radio Globo en 1950, s'achemine religieusement au poste des conteurs de gloire. Sa main tremble sur la rambarde, ses yeux se tournent vers le ciel, son pouls s'accélère. «Et dire qu'il fut construit pour cette coupe», souffle-t-il en s'installant dans les premiers rangs. «J'étais assis par là-bas lorsque Moacir Barbosa a encaissé le deuxième but. Le stade est devenu aussi silencieux que maintenant.» Luis Mendes, 73 ans dont cinquante-quatre comme journaliste sportif, n'a jamais pu oublier, comme des millions d'autres Brésiliens, ce jour où la Seleção s'est fait battre par l'Uruguay en finale de la Coupe du monde. «A chaque fois que je viens au stade pour commenter, je ne peux m'empêcher de revoir ces images et de rager contre autant de bêtise. Le Brésil devait la gagner, cette coupe. Il avait largement battu l'Espagne et la Suède alors que l'Uruguay avait eu du mal.» Puis, il lâche: «La nuit est tombée sur nous tous.» «Joué d'avance.» Le deuil fut national, immédiat. «Officiellement, il y avait 186 000 spectateurs. Mais les portillons d'entrée ont été enfoncés. La foule s'est engouffrée jusque sur le toit. Ils devaient être entre 200 000 et 250 000 spectateurs.» Et ce s