De l'Uruguay aux Etats-Unis, quinze épisodes (1) pour récolter l'écume des jours de Coupe du monde dans les pays qui l'ont organisée.
La rue s'élargit soudain au détour d'un immeuble. Le terre-plein central est en réfection. Au milieu d'une pelouse détrempée par les pluies incessantes du printemps, une forme étrange se dresse, imposante, au beau milieu de ce petit jardin citadin de Katarina Bangatan, dans les quartiers sud de la capitale. Un rayon de soleil fait scintiller le métal froid. On aperçoit un corps arc-bouté, figé à jamais. Un ballon de football stylisé, quelques inscriptions gravées par l'artiste à la mémoire de celui qui fut sans doute, pour les Suédois, le meilleur joueur de l'histoire. «Nacka Skoglund, 1929-1975, virtuose du ballon, peut-on lire. Tu es un dieu.» Son nom figure aux côté de ceux de Di Stefano, de Pelé, de Puskas. A quelques mètres, un but en aluminium avec une balle accrochée dans la lucarne, la marque du maître à jouer. Derrière le monument, au numéro 42 de la rue, une plaque sur un immeuble indique l'endroit où il a vécu. «Skoglund est né un 24 décembre, raconte Per-Åke, 60 ans, supporter d'Hammarby, l'un des clubs de la capitale où la star avait fini une carrière florissante. Pour nous, c'est comme un cadeau du ciel. Pour le remercier de nous avoir tant fait vibrer, chaque année, à la veille de Noël, nous venons nous recueillir ici. Une vraie fête de rue.» Mercenaires. Skoglund connut une triste fin: il avait sombré dans la solitude et un alco