De l'Uruguay aux Etats-Unis, quinze épisodes pour récolter l'écume des jours de Coupe du monde dans les pays qui l'ont organisée.
L'Angleterre maîtresse du monde, encore un peu, cela ne s'oublie pas. Keith Harper, reporter du Guardian à l'époque, s'exalte: «C'est un sacrement. Le seul succès du football anglais. C'est un peu comme la dernière guerre. Les gens éprouvent la même nostalgie. Car tout, depuis ce jour, n'a été que désillusion. Alors, cette date, ces années-là restent à jamais le dernier témoignage de puissance du pays.»
Quatre garçons dans le vent. En 1966, l'Empire est déjà trop loin mais le pays renaît, s'agite, ose. Les Beatles déferlent sur les ondes avec Paperback Writer. Les Rolling Stones divisent la jeunesse. Les minijupes dénudent les jambes des filles. Les cheveux des garçons s'allongent. Sauf ceux de l'équipe nationale, Alf Ramsey, sélectionneur, y étant formellement opposé. «Il n'en était pas question à l'époque, il les tenait d'une main de fer, précise Keith Harper. Ce n'est que plus tard qu'ils ont tous eu les cheveux longs. Même Tony Banks, notre ministre des Sports actuel, les portait sur les épaules"» Avec la faveur d'un ciel pour une fois clément, l'été, aussi, fut resplendissant. Bref, l'Angleterre semblait être le pays idéal pour organiser le Mondial. «Tout allait pour le mieux, dit Harper. L'économie était florissante. Il y avait à peine 170 000 chômeurs.» Ce fut néanmoins suffisant pour que les conservateurs, totalement dépassé