Jean-Marie Faustin Godefroi d'Havelange s'en va et il emporte avec lui une coutume, celle de l'élection par acclamation à la présidence de la Fédération internationale de football. C'était son mode de fonctionnement, le symptôme le plus sûr des gouvernements autoritaires. Rien de bien mystérieux là-dedans. Il y faut d'abord beaucoup de démagogie, pas mal de clientélisme et un souci constant de l'argent, dont la puissance remplace celle des armes dans les dictatures civiles.
João Havelange, 82 ans, président de la Fifa de 1974 à ce jour, citoyen brésilien, né de père belge immigré en 1913, est arrivé au sommet du ballon rond en se faisant le champion des pauvres. Il déboulonna pour cela son prédécesseur Stanley Rouss, sujet britannique, et devint ainsi le premier patron du football mondial étranger à la vieille Europe. Il fut aussi le premier à faire de la Coupe du monde l'instrument principal de son gouvernement, la source de son clientélisme. Pour gagner des voix, il élargit ainsi de 16 à 24 le nombre de pays participant à la phase finale à partir de 1982, et à 32 à partir de cette année. C'était malin, car cela permettait à la fois de prouver l'extension universelle du football et de circonvenir l'électeur. Mais ça n'avait rien de génial, car c'est un mode commun dans le sport. Le plus petit président de fédération nationale, voire de groupement régional, n'agit pas autrement. Le tour de force effectif, ce fut alors de multiplier les appels du pied vers le tiers monde du fo