Jean-Pierre Karaquillo est directeur du centre de droit et
d'économie du sport de l'université de Limoges. Selon lui, le mandat du nouveau patron de la Fifa comporte une donnée essentielle: l'acceptation ou non de l'«américanisation générale» du football au détriment de sa crédibilité sportive. Aussi déplore-t-il que les deux candidats à la présidence ne se soient pas sérieusement penchés sur les risques d'une telle évolution.
Cette élection est-elle capitale?
Le choix du président de la Fifa est aujourd'hui, plus qu'hier, capital quant à l'avenir de ce sport universel qu'est le football. Désormais, l'organisation et la pratique de ce sport sont en effet soumises à la vigilance des technocrates, notamment en Europe, et de tribunaux enclins à confondre le but et les moyens, le phénomène et l'épiphénomène, aidés il est vrai en cela, trop souvent, par l'attitude déviante ou l'aveuglement entêté des dirigeants de l'Union européenne de foot ou de la Fifa. Voir l'affaire Bosman (qui a «libéralisé» les transferts de joueur dans l'Union européenne). En quoi est-elle exemplaire?
Le système des quotas de joueurs est ce qu'il y a de plus choquant. «On ne peut pas limiter le nombre de contrats de travail», ça c'est du droit économique. Mais ne peut-on pas aussi limiter le nombre de joueurs étrangers par équipe appartenant à l'UE, prenant ainsi en compte l'aspect sportif? Avec l'accélération des transferts, et la non-limitation de ceux-ci, on a moins besoin de centres de formation, on coupe