Joseph Blatter, c'est d'abord un sourire. Le rictus d'un
professionnel de la communication qui, à 62 ans, a décidé de ne plus être l'homme lige du vieux Brésilien João Havelange, dont il est le secrétaire et bien plus que le bras droit depuis dix-sept ans. La phrase préférée d'Havelange quand il se trouvait face à une question délicate était: «Monsieur Blatter va vous expliquer en détail.» C'est dans ce rôle que le nouveau patron du foot mondial aura patiemment attendu que s'efface son maître, après avoir évité une énorme bourde en 1994, lors des dernières élections à la Fifa, où il avait annoncé sa candidature prématurément, puisque Havelange, alors dans l'hésitation, devait finalement rempiler pour quatre ans malgré son grand âge. Mais des erreurs, Blatter n'en a pas beaucoup commises dans sa carrière aussi ambitieuse qu'originale. Né à Viège (près du mont Cervin), le petit «Sepp» (son surnom) préféra d'abord le foot à la messe. Puis ce fils d'ouvrier s'intéressa au théâtre et dut penser que son accomplissement personnel passerait par une synthèse de ses aspirations. Cela devait se situer dans le sport. Un de ses slogans de campagne le révèle, assez basiquement: «Parce qu'il incarne toutes les caractéristiques du théâtre classique à tous les niveaux. Il est à la fois acteur et au centre d'une trame mondiale. Il est aujourd'hui également un facteur économique de taille: le football est fascination.» Blatter est fasciné, par les grandes scènes et les coulisses, on l'aur