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GROUPE D: Paraguay-Bulgarie, 14h30. Revenu jouer au CSKA Sofia de ses débuts, le buteur de la sélection nationale divise toujours les Bulgares. Stoichkov, demi-dieu à mi-temps

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publié le 12 juin 1998 à 5h37

Sofia envoyé spécial

Bien sûr, il a maintenant 32 ans, et ce n'est pas le plus bel âge de la vie du footballeur. D'autant que, lui, c'est à 18 ans qu'il est devenu un héros dans son pays. Hristo Stoichkov, ce héros, c'est-à-dire ce demi-dieu, donc le dieu de la moitié de la Bulgarie.

Car la Bulgarie, depuis cinquante ans et la création du CSKA Sofia par le pouvoir communiste, est séparée en deux. Sous prétexte de football, mais c'est beaucoup plus. Jusque-là, le football bulgare était dominé par un grand club, fondé en 1914, le Levski Sofia, du nom d'un martyr de la lutte pour l'indépendance contre les Turcs au XIXe siècle. Puis vint donc, en 1948, le CSKA, appuyé sur l'armée bulgare, qui se mit à dominer outrageusement le championnat, 28 titres et 22 coupes à ce jour, car aucun bon joueur du pays ne pouvait échapper au club du pouvoir. Le CSKA, dans les compétitions européennes, atteignit même trois fois les demi-finales, et s'était forgé une réputation de «tueur de champions» en éliminant, par exemple, Barcelone ou l'Ajax. Pourtant, le CSKA, quand il rencontrait le Levski, se prenait régulièrement une raclée, du 5-0 couramment. Et le public attendait ça. La terrible équipe face à l'équipe historique semblait comme engluée, et la moitié de la Bulgarie aimait penser que c'était le signe des complexes du régime face à l'histoire du pays.

Et puis, en 1985, est arrivé Stoichkov. Au premier match contre le Levski cette année-là, nul complexe ne plombait ses crampons, et la moitié d