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Libération

Vu de Pontarmé. Gazon béni

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publié le 12 juin 1998 à 5h39

Les yeux d'Antoine Bataille, la quarantaine, vont du matin au soir

de la pointe de ses pieds à l'horizon. Pas plus haut. Locataire de 50 hectares de terres autour du village, il les couve comme une mère ses petits. C'est la qualité du sol, très sablonneux, qui l'a décidé à implanter son entreprise, Express Gazon, à Pontarmé, il y a onze ans. «Nous sommes les pionniers de la culture du gazon. Cela fait trente ans. Mon père, agriculteur, a eu l'idée à la suite d'un voyage aux Etats-Unis.» Au début, la cohabitation ne fut pas facile. Il lui fallut faire la chasse aux chiens adeptes du terrier furtif, aux amateurs de rallyes qui appréciaient les tête-à-queue laboureurs et aux taupes qui, hors la forêt, ont la vie brève. Aux prémices du Mondial, tout va mieux pour le jardinier. Son gazon s'est étendu au bord des jardins privatifs: «Sur dix villas, il y a toujours deux grincheux pour se plaindre de mon système d'arrosage qui mouille parfois leurs plantations, mais dans l'ensemble ça va.» Il craint un peu les ballons et les cerfs-volants, et les jours de canicule ces mêmes gosses qui viennent se rafraîchir sous les immenses jets d'arrosage. Le foot ne le passionne pas ­ «Bon, je ne refuse pas une finale de Coupe» ­, mais par son métier (40% de sa production est destinée aux stades) il est amené à regarder plus de matchs qu'il le veut: «Ce ne sont pas les actions de jeu qui me captent mais les effets qu'elles ont sur mon gazon, un produit frais qui demande de l'attention.» Si le