Vaincre en imposant ses idées doit être un moment savoureux. C'est
en l'occurrence ce qu'a voulu dire Aimé Jacquet, affirmer que cette équipe de France serait capable de faire tourner en bourrique, et dans des conditions de jeu très défavorables, l'Afrique du Sud, pourtant réputée pour sa rudesse défensive et sa force de percussion. Face donc à une équipe sans véritable fond de jeu, face à un bloc compact relativement délicat à faire bouger, Aimé Jacquet s'est gardé de trop claironner que ses choix avaient été judicieux: l'homme n'est pas porté sur l'argumentation, surtout quand il croit deviner qu'elle pourrait, encore une fois, être victime d'une malveillance: «La porte est grande ouverte. Nous avons réalisé une grande prestation. Cette victoire démontre aussi que la France a été trompée par une certaine presse. On a gagné en maîtrisant deux éléments: le vent épouvantable, qui aurait pu nous rendre la partie très dangeureuse, et le dispositif défensif de l'Afrique du Sud, qui nous a posé bien des problèmes. Je dirai que la France a disputé une grande partie de football.» Surtout, l'équipe de France a retrouvé le sens du but. Et ce n'est pas rien. On restait distant jusqu'alors, à la suite de deux années de matchs amicaux sans réelle signification, sur le potentiel offensif du groupe. Le doute s'instaurait. Quelle animation offensive allait finalement concocter Aimé Jacquet pour cette rencontre initiale? On savait modulable le trio chargé de poser les charges de dynamite d