Les minutes s'égrènent et Thierry Gilardi ne parvient toujours pas à
appeler un taxi pour rejoindre Canal +. Assis dans un bistrot parisien de la rue de Lourmel, à deux pas du vaisseau amiral de la chaîne cryptée, on suggère que ce serait sans doute plus rapide de rentrer à pied. «Ouais, t'as raison en fait.» Et le courant d'air file, pieds nus dans des mocassins, veste-chemise-cravate-jean. Thierry Gilardi est trop pressé pour concevoir une autre solution que le déplacement en taxi. Pour ce jeune homme de 40 ans, le Mondial a des allures de formalité. Pas de pub, pas de contrainte d'audience, juste cinq semaines «à devenir idiot, à ne penser qu'au foot», s'amuse le présentateur de l'Equipe du dimanche. Pour Gilardi, le grand virage est pour plus tard. Pour septembre exactement, lorsqu'il prendra les rênes du service des sports de Canal +. Dans les faits, c'est déjà presque le cas, puisque le service foot, qu'il dirige, représente 80% de la rédaction. Mais le symbole est là: Gilardi prend la suite du «père», Charles Biétry, qui l'a repéré en 1986, alors que le jeune diplômé de Sciences-Po commentait des Grands Prix de F1 sur France Inter.
Thierry Gilardi n'en parle pas, mais la joie n'est en réalité pas complète. Dans ce diplomatique jeu de succession, c'est Michel Denisot qui, officiellement, a succédé à Charles Biétry, le nouveau président du PSG. Pierre Lescure, le PDG de Canal, son «dieu vivant», lui avait promis cette direction. Une sorte de respect protocolaire des ego