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Libération

Symptômes. Paradoxe

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publié le 13 juin 1998 à 5h48

On a beaucoup chanté, jeudi soir dans le Bas-Belleville, après le

nul obtenu par le Cameroun face à la grande et blonde Autriche. Et de même la veille, à Barbès, quand le Maroc partagea les points avec la blonde et grande Norvège. (Mais où chantèrent-ils, les Chiliens, après que leur sélection eut tenu en échec le triple champion du monde italien?) Ces scores ont plu bien au-delà des préférences nationales supportrices. Il y avait, dans les yeux des chalands avertis de ces choses et attrapant au hasard de la ville les témoignages de ces exotiques performances, comme une lueur de bonté. Oui, de bonté. Ne riez pas! Ah, si la France traduisait dans la distribution de ses visas la bienveillance bonhomme qu'elle affiche pour les footeux tiers-mondistes, on aurait pu moins ricaner à l'amusant propos de Joao Havelange louant, lors de la cérémonie d'ouverture, «La France [qui] maintient sa porte ouverte à tous les peuples.» Las! Cette sympathie bonhomme évoque bien plutôt la très sportiviste compassion pour les «petites équipes», compassion spectaculairement orchestrée, au stadium de Toulouse, par tous les commentateurs. Sans doute y avait-il un peu de la morgue du possédant (l'ex-puissance coloniale), dans la bienveillance amusée avec laquelle fut considérée l'option stratégique de «quatre attaquants» chez les Africains (1). Symétriquement, l'appréciation du dispositif autrichien («comme d'habitude bien ficelé», «pas du tout la même philosophie», etc.) faisait en filigrane la part