Aux buvettes du Stade de France, les salaires des vendeurs jouent
les montagnes russes, plongeant en dessous du Smic horaire en toute illégalité, l'approchant ou le dépassant. Depuis l'inauguration du stade, le 28 janvier, ils sont environ 300 vacataires à enfiler, à chaque match, leurs costumes bardés de pubs. Sur l'année, une vingtaine de dates à assurer, dont les neuf très convoitées de la Coupe du monde. Payés par la société d'intérim Manpower, ils travaillent en fait pour Eurest, qui a décroché la gestion des 43 buvettes de l'anneau bétonné.
Oriane adore le foot. A 18 ans, 200 F reçus pour une journée passée à vendre sandwichs et boissons, c'est «toujours ça de pris». «Comme on a signé un contrat, je pensais que c'était légal», avoue-t-elle. Thierry, 30 ans, a débuté avec le Mondial. «Pour le match d'ouverture, le 10 juin, j'ai travaillé onze heures et je pense être payé environ 300 F. La rencontre suivante, je suis resté sept heures, rétribuées à peu près la même chose.» Un coup bien en dessous du Smic, un autre légèrement au-dessus. Il en convient: «Je ne fais pas ça pour l'argent, sinon je resterais chez moi.» D'autant qu'il habite à Strasbourg et débourse 420 F de train à chaque match. Françoise, son frère, son ami et un copain aiment aussi le ballon mais connaissent leurs droits. A 40 ans passés, pas question de se faire avoir. «Il y a des lois en France. Nous ne sommes pas en Chine à fabriquer des Nike pour 5 F.» Tout a commencé en janvier à la buvette 408. Le 28,