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Libération

Groupe D, Nigeria-Bulgarie, 17 h 30. De Port Harcourt à Milan, itinéraire de l'arrière africain. West, des tresses et des lauriers

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publié le 19 juin 1998 à 3h58

Taribo West n'a pas fini d'agiter ses tresses vertes. A 24 ans, ce

gamin de Port Harcourt, une ville du sud du Nigeria, affiche déjà à son palmarès un titre de champion de France en 1996, avec l'AJ Auxerre, une médaille d'or olympique décrochée à Atlanta la même année, une coupe de l'UEFA remportée cette année avec l'Inter de Milan et un première victoire en Coupe du monde avec les Super Eagles, vainqueur 3-2 de l'Espagne. Sans doute des rêves de gosse qui se réalisent pour un gamin dont le prénom était prédestiné, puisqu'il signifie «premier». Une vie sauvée par le football, comme pour la plupart de ces joueurs africains parachutés dans le luxe des championnats européens.

Car Taribo l'a échappé belle. A 10 ans, il quitte ses parents et ses trois frères pour Lagos, la capitale. Le milieu est féroce, violent, et le futur défenseur du Nigeria navigue dans la délinquance. Ses voisins trafiquent, rackettent. Le cambriolage est monnaie courante dans cette métropole incontrôlable. Les rixes aussi. Taribo s'adapte. Il n'est là que dans un seul but: jouer un jour dans l'équipe nationale. L'entraîneur du club Obanta United le juge trop frêle et bien trop jeune pour mener le combat sur les terrains de deuxième division, et refuse de l'engager. West insiste et obtient un maillot frappé du numéro 8. Mais l'entourage du club n'a rien de rassurant. Et s'il jure ne jamais s'être livré au trafic de drogue, il ne peut qu'accepter les conditions de vie précaires dictées par les quartiers périp