Menu
Libération

Vu d'Inde. Le feuilleton de l'été

Article réservé aux abonnés
par Régis NUSBAUM
publié le 19 juin 1998 à 3h56

L'Inde aurait-elle oublié son sanskrit? Depuis une semaine, une

vague de footballmania déferle sur le pays et la passion du ballon rond a presque occulté le sacro-saint cricket pourtant profondément enraciné dans l'imaginaire sportif du sous-continent. Jusqu'à présent, on jouait au football à Calcutta et à Goa, mais aujourd'hui l'exaltation gagne le pays tout entier. Premiers à afficher la couleur, les grands hôtels de New Delhi ont dégainé l'artillerie lourde. Ecrans géants et réductions spéciales pendant les matchs, serveurs habillés en joueurs de foot et menus en forme de ballon. Même les chefs se sont mis au parfum en proposant des «cuisses rôties façon Romario» et des cocktails aux noms aussi évocateurs que «Rêve italien», «Punch du gardien de but» ou «Passion de Pelé». Mais le vent de folie dépasse largement le cadre des hôtels cinq étoiles de la capitale et leur clientèle de riches étrangers.

A Bangalore et à Bombay, les pubs très «british» se sont transformés en clubs de supporters pour lesquels les arcanes du jeu n'ont plus de secret. Chaque soir, des millions d'Indiens se massent devant le petit écran. Les professionnels de l'électroménager se frottent les mains: en quelques jours, ils ont vu leurs stocks de téléviseurs dévalisés par des fans qui n'ont pas hésité à dépenser des fortunes. Impossible, en tout cas, de regarder la télévision plus d'une heure sans entendre parler football. Le Mondial est désormais accommodé à toutes les sauces et il n'est plus une seule p